Jean Curutchet: la chapelle
La
chapelle de Saint-Sauveur d’Iraty
Jean
Curutchet
Revue
Jakintza, Mendive, n° 32, août 2005
La
forêt d’Iraty
Auréolée
d’une légende de forêt vierge
et considérée parfois à cause de son prolongement en Espagne comme
la plus grande hêtraie d’Europe, la forêt d’Iraty doit son nom
à la rivière Iraty qui, bien que proche de l’Atlantique, se jette
dan l’Aragon pour atteindre l’Ebre, puis la Méditerranée.
Cuvette longtemps
inaccessible, bien protégée
par une ceinture
de hautes crêtes rocheuses atteignant
1600 mètres, la forêt d’Iraty est
certainement la plus célèbre forêt du Pays
Basque. Située sur les communes de Mendive, Lecumberry et
Larrau, elle comprend 2300 hectares répartis en deux massifs:
Iraty-Cize (1050 ha) en
Basse-Navarre appartenant au syndicat du pays de Cize; Iraty-Soule)
(1250 ha) en Soule, apparteanant au syndicat du pays de Soule.
On
possède peu de renseignements sur l’histoire de la forêt d’Iraty
dont le caractère très sauvage a toujours été signalé. Ainsi la
tradition en fit-elle volontiers
le lieu de séjour privilégié des dieux de la mythologie basque:
Mari, Basajaun, Basandere, Tartaro. Mais aussi du petit peuple de
Laminak, des Jentils et des Mairiak, constructeurs de dolmens et de
cromlechs qui abondent dans cette région de Basse-Navarre.
L’activité
pastorale protohistorique intense de la montagne d’Iraty est
également inscrite sur le terrain avec les tertres d’habitats, sur
lesquels les bergers établissaient des abris provisoires lors de
grandes transhumances. Ce mode de vie se perpétua jusqu’au
Moyen-âge, avec une pression constante sur la forêt d’Iraty
totalement associée à la prééminence de l’activité pastorale.
La
forêt d’Iraty fut visitée au XVIIe siècle par les
commissaires de la Marine royale: les sapins cizains prirent alors le
chemin de Bayonne, d’où ils gagnèrent l’arsenal de Rochefort
pour y faire de «très belles mâture» destinées aux galères
royales. Au XIXe siècle, Iraty devint un centre
d’approvisionnement des forges de Larrau et de Mendive. A côté
des places de charbonniers et de sabotiers, l’ère des grandes
coupes commence: de 1848 à 1866 et plus près de nous, de 1927 à
1953, avec le fonctionnement d’une scierie installée à Mendive et
reliée à la forêt d’Iraty par un tri-câble de 13 km de long. La
route d’accès à la forêt d’Iraty, envisagée dès le XVIIe
siècle, a été réalisée en 1964 par le syndicat de Cize, avec la
maîtrise d’œuvre de l’administration des Eaux et Forêts, selon
le tracé Mendive/Chapelle de St-Sauveur/col de
Burdinkurutxeta/Iraty/Oroate frontière espagnole (1).
L’accès
au site
On
se rend aujourd’hui aussi aisément à Iraty qu’à n’importe
quelle autre station de ski des Pyrénées: il suffit de suivre les
panneaux indicateurs placés le long des routes et des autoroutes. Il
en allait tout autrement il y a seulement quelques dizaines d’années.
La route carrossable s’arrêtait alors à Mendive. Au-delà de la
«cabane forestière» —sorte de local à outils des cantonniers et
des forestiers— il n’y avait plus qu’un large sentier que les
autorités militaires refusèrent jusqu’en 1831 de laisser
aménager, pour des raisons stratégiques évidentes: la frontière
franco-espagnole ne fut-elle pas, des siècles durant, celle d’où
pouvaient surgir tous les dangers?
La
montée vers la chapelle d’Iraty s’effectuait alors par le fond
de la vallée du Laurhibar jusqu’aux maisons Benta et Partidaenia,
d’où il montait dans le sous-bois, jusqu’à déboucher au col
d’Haritzkurutxeta. L’ascension était rude, mais une fois arrivé
sur la ligne de crête, le promeneur (le pèlerin) était récompensé
par une vue superbe sur le Béhorléguy et sur la vallée encaissée
de l’Esterenguibel. Aujourd’hui presque désert, ce lieu était
jadis animé par une vie pastorale intense. «Des montagnes alentour
descendent des cavaliers. Sur une hauteur, des bergers nous saluent
et nous offrent le lait et le fromage. Nous sommes au cœur de la
montagne basque, ironique ou fidèle, hostile ou hospitalière,
muette ou confiante, suivant les heures et les visiteurs» (Gil
Reicher).
Le
col doit son nom à une croix de pierre qui s’élevait jadis à cet
emplacement. Elle provenait de la maison Partidaenia, où elle
marquait le début de l’ancien chemin de croix, dont les quatorze
stations jalonnaient la montée jusqu’au col. Il n’en reste plus
aujourd’hui au bord de la D 18 qu’un socle fait de gros blocs de
pierre octogonaux posés sans scellement les uns sur les autres et
frappés d’une croix basque (2) et d’une date: 1863. Une mince
croix latine en fer remplaça l’ancienne croix en pierre
aujourd’hui disparue.
Ici
commence le royaume de l’imaginaire: «A la croix
d’Haritzkurutxeta, prévient Bernard Duhourcau, les anciens
disaient que certaines nuits d’automne, les chevaux de tout le pays
se rassemblent. Qui les mène? Peut-être le diabolique cheval sans
tête qui hante les hauteurs d’Ezterengibel; ceux qui l’ont
rencontré ne sont pas toujours revenus pour le dire». Après ce
calvaire, le chemin longeait un abreuvoir à demi-enfoui sous la
végétation et continuait sous bois en direction de la chapelle
située environ un kilomètre plus loin. On passait devant une croix
aujourd’hui disparue, portant l’inscription «Maria de
Horquin», témoignage probable d’un décès accidentel, en
tout cas d’une mort violente (3). On débouchait enfin sur une
petite cuvette au centre de laquelle est bâtie la chapelle.
Mais
le chemin se poursuivait au-delà de l’édifice et, redevenu simple
sentier, franchissait le Sainduxiloko erreka (4), pour s’enfoncer
dans le bois de Saint-Sauveur en direction du cromlech de Gahalarbe.
Ce cercle de pierres se trouve sur le crête orientée nord-sud, en
lisière du bois de Saint-Sauveur, vers la cote 947. Remarquons au
passage que notre chapelle est située au cœur d’un territoire
riche en vestiges mégalithiques: dolmens de Bulunza, de Gasteinea,
d’Armiaga, de Xuberaxain harria, etc. Tous ces vestiges
protohistoriques se trouvent à proximité d’une des principales
voies de transhumance de chevaux, puis de troupeaux de brebis, qui
reliait jadis la vallée du Laurhibar à celle de Salazar, en passant
par Otxagabia et Leire, puis en continuant vers Huesca et Saragosse.
Voie immémoriale de transhumance, c’est-à-dire de circulation des
hommes, des marchandises, mais aussi des idées et des croyances. Et
donc, naturellement, axe historique de la première évangélisation
de nos contrées par les missionnaires venus de la vallée de l’Ebre
au IVe ou au Ve siècle (5).
Description
extérieure de la chapelle
Le
site de Saint-Sauveur d’Iraty comprend trois éléments qui nous
paraissent indissociables: la chapelle elle-même, avec son chemin de
croix; le petit oratoire appelé Saindia qui abrite la statue de la
«Sainte»; le puits, ou plus exactement la fontaine sacrée (6).
Invisible
de la route départementale que l’on emprunte aujourd’hui
lorsqu’on arrive de Mendive, la chapelle de Saint-Sauveur est
située au milieu d’un pâturage, à 900 m d’altitude. C’est
une construction massive, trapue, solidement ancrée dans le sol, qui
se distingue mal des bergeries des environs, sauf par son abside
semi-circulaire dont les assises en petit appareil cubique rappellent
certains sanctuaires de l’époque carolingienne, tout comme les
ouvertures étroites et chanfreinées, percées dans les murs d’une
épaisseur supérieure à un mètre et soutenus par d’épais
contreforts. Le sanctuaire remonterait donc au IXe siècle.
Un toit d’ardoises dont la forte pente est étudiée pour supporter
de fortes pluies ou des chutes de neige abondantes. Les dimensions
relativement importantes de l’édifice (20 m X 8,5 m), sont une
bonne indication de sa fréquentation et un indice de sa fonction
d’hospitau destiné à l’accueil des pèlerins de
Compostelle. Plus de 200 personnes y tiendront à l’aise. C’est
assez dire combien la montagne était alors fréquentée, que ce soit
par des bergers ou par des pèlerins (7).
La
chapelle est orientée conformément à la tradition, c’est-à-dire
que son chevet regarde vers le soleil levant. Elle est constituée de
deux niveaux, le premier semi-enterré, le second pratiqué sous le
comble aménagé. La porte nord donne accès à la partie
semi-enterrée de l’édifice, la porte ouest, légèrement
surélevée, mène au comble où la charpente est apparente. A en
juger par les deux décrochements de ses murs intérieurs nord et
sud, elle a dû faire l’objet de deux élargissement successifs de
la nef vers l’ouest, correspondant sans doute aux deux incendies
mentionnés par la tradition orale.
La
première restauration connue a eu lieu au XVIIIe siècle,
à la demande de Jean Oxoby-Indart, curé de Behorlegi, comme
l’indique la date 1727 portée suer la clef de l’arc en
plein-cintre de la porte ouest, accompagnée de l’inscription
«INDART». Une plaque scellée près de cette porte rappelle
qu’un réseau belge utilisa cet itinéraire pour aider les
clandestins à passer en Espagne pendant la seconde guerre mondiale.
Comme
beaucoup de chapelles de montagne, un petit bâtiment jouxte la mur
sud de Saint-Sauveur. Ce corps de logis abritait jadis pendant une
grande partie de l’année un chapelain chargé de conjurer les
orages et les chutes de grêle et accessoirement, d’enseigner le
rudiment aux enfants qui montaient de la vallée.
Le
chemin de croix
Une
des principales curiosités de ce site est constituée par le chemin
de croix dont les treize premières stations sont disposées à
l’extérieur de la chapelle, le long des murs de celle-ci, d’une
façon irrégulière, mais non fantaisiste. Chaque station est
constituée d’une colonne à fût galbé (8) surmontée d’un dé
de pierre en forme de pyramide tronquée quadrangulaire, sommée
d’une croix latine métallique. Chacune porte son identification
gravée dans la pierre: Estacionea I, II, III, etc. La quatorzième
et dernière —la plus importante par la taille— se dresse un peu
à l’écart de l’édifice, au droit de la porte d’entrée nord,
sur in petit monticule. Elle possède un décor sculpté représentant
la crucifixion sur le côté latéral droit et un soleil stylisé ou
un ostensoir sur le côté opposé. Elle est datée de 1805 sur la
face.
Ce
chemin de croix orignal aurait été conçu et mis en place en 1870
par l’abbé Estebana, originaire d’Ossés et curé de Mendive,
pour remplacer celui de la montée de Partidaenia. Il fut exécuté
par le tailleur de pierre du village de Mendive et disposé le long
des murs de la chapelle «par crainte des intempéries et des
vandales qui avaient mis à mal l’ancien chemin de croix»
(Jean Barbier). Cette explication paraît un peu courte, dans la
mesure où elle ne rend pas compte de l’emplacement de chaque
colonne, qui semble correspondre assez exactement au passage d’une
ligne de force du réseau géomagnétique Hartmann (9).
Ajoutons
que les colonnes de ce chemin de croix ont également été remontées
à l’identique par l’actuel curé-chapelain, qui les avait
trouvées dans l’état lamentable décrit par Louis Colas en 1921.
Par ailleurs, le tradition orale rapporte qu’il y avait jadis
quelques tombes, peut-être un cimetière, autour de l’église,
principalement autour de la 14e station du chemin de croix
(10).
Ce
qui n’a rien de surprenant quand on se souvient du goût de l’homme
des civilisations traditionnelles pour les inhumations réalisées au
plus près des sanctuaires et autres lieux sacrés.
Xaindia
A
l’ouest de la chapelle, légèrement plus haut, se trouve «une
petite maisonnette assez solidement construite appelée
Xaindia» (Louis Colas). Elle servait naguère plus
souvent de refuge aux brebis ou de poste de guet pour les douaniers,
que de véritable oratoire. «Le curé de Mendive y mit bon ordre,
écrit Barbier, en faisant refaire la porte, désormais fermée à
double tour en dehors des jours de pèlerinage. Une seconde pièce
vient ensuite, séparée de la première par un barreau en bois
ajouré, et dans cette pièce s’érige un modeste autel sans
consécration, sur lequel s’élève une assez petite statue —en
bois, je crois— toute peinte en blanc et qui représente l’héroïne
Xaindia, armée de la pioche légendaire, dont les
dents regardent le sol». L’édicule que l’on voit
aujourd’hui a les dimensions plus modestes d’un abri de jardin,
soit environ 2 x 2 mètres, ce qui laisse à penser que la
construction actuelle est plus récente. L’autel signalé par
Barbier a été remplacé par une simple planche de bois fixée sur
la mur du fond. La statue n’est plus visible que les jours de
pèlerinage. Elle a été repeinte de couleurs vives: robes blanche,
manteau rouge brique, ceintures et chevelure brunes, fer de pioche
noir. Par ses dimensions peu importantes (50 cm), comme par sa
facture «naïve», cette statue n’est pas sans rappeler celles que
l’on retrouve dans certaines chapelles du Pays Basque. Mais il est
difficile de se prononcer sur l’âge de cette statue, qui est par
ailleurs à l’origine d’une légende dont nous reparlerons plus
loin.
Saindia | (Arg. Olivier de Marliave, Trésor de la Mythologie pyrénéenne, Ed; Sud Ouest, 1996, 100 o.) |
«Le
peuple —on ne sait pourquoi— a baptisé sainte l’héroïne de
l’histoire et saint l‘édifice qui lui fut élevé»,
s’étonne l’abbé Barbier. Quel manque de curiosité! Deux faits
auraient dû cependant retenir l’attention de l’érudit
ecclésiastique. D’abord l’orientation de l’oratoire Saindia,
en direction du calvaire de la 14e station. Comme pour
signaler l’importance de ce point fort. Ensuite l’existence d’un
Xainduxiloko erreka, profond ravin de direction nord-sud
passant à quelques dizaines de mètres à l’est de la chapelle et
rejoignant la vallée de Laurhibar. De même que Kurutxetako erreka
conduit au col d’Harizkurutxeta, ce ravin devait jadis mener à la
«caverne» de quelque ermite, qui aurait existé bien avant
l’érection de la chapelle et même de l’oratoire de Xaindia.
Comme ce fut le cas en d’autres lieux sacrés comme à Leire, avec
la grotte de San Virila, toujours visible dans la falaise qui domine
la monastère refuge des rois de Navarre. Dernière observation:
l’existence d’un petit oratoire situé à proximité de la
chapelle principale —mais bien distinct— n’est pas particulier
à Saint-Sauveur: nous trouvons la même disposition de lieux à
Notre Dame de l’Aubépine (Ainhoa), par exemple.
La
fontaine sacrée
A
une quinzaine de mètres à l’est de la chapelle, dans les ajoncs,
se trouve une margelle circulaire de belles pierres de taille
disposées au ras du sol et mal recouvertes de quelques vieilles
planches de bois. En écartant celles-ci, on aperçoit à une faible
profondeur —un mètre environ— une eau noirâtre et stagnante. Le
lit d’un ruisseau d’un ruisseau à sec pendant la belle saison
joint pourtant cet endroit au thalweg de Xainduxiloko erreka. Mais
faute d’entretien, aucun écoulement régulier n’est plus
possible. Aussi l’abbé Barbier n’a-t-il que mépris pour ce
cloaque: «Le puits vraiment infect, creusé pour recevoir les
eaux qui descendent du toit de la chapelle (sic), et où pas mal de
pèlerins vont faire des ablutions dans… la vase. J’avoue qu’il
faut avoir de la foi solide autant que cette vase elle-même».
Il est toujours navrant d’entendre des clercs, par vocation
gardiens de rites et de lieux sacré, tourner en dérision l’état
des lieux qu’ils ont laissé se dégrader et moquer la poursuite
obstinée par la piété populaire de rites auxquels ils ne
comprennent plus rien (11). Car ici comme à Sainte Eulalie
d’Isturitz, nous avons affaire non pas à une équipement
sanitaire, mais à une fontaine sacrée, et qui plus est, alimentée
par un cours d’eau souterrain qui descend de Xaindia et longe le
mur sud de la chapelle!
Description
intérieure de la chapelle
La
chapelle Saint-Sauveur est en partie creusée dans le roc :
aussi est-il nécessaire de descendre quatre marches
semi-circulaires taillées dans la pierre pour accéder à
l’intérieur de l’édifice en passant par le porte nord. Le sol
était jadis recouvert d’un plancher de bois vermoulu que l’abbé
Erdozaincy-Etchart, actuel chapelain de Saint-Sauveur et curé de
Mendive-Berhorleguy, a fait remplacer par une dalle en ciment non
lissé. Le plafond est lambrissé de grandes planches recouvertes,
au-dessus du chœur, d’une surprenante peinture bleu ciel
agrémentée d’une frise de petits nuages blancs. La galerie des
hommes assez vaste mais basse de plafond, s’avance par deux
galeries à droite et à gauche de la nef. On peut aussi y accéder
par un petit escalier assez raide situé à droite. Les bancs y ont
l’épaisseur et l’apparence de poutres mal dégrossies. Une
partie de la galerie est éclairée par une lucarne aménagée entre
deux chevrons du toit. Point n’est besoin de lâcher longtemps la
bride à son imagination pour se croire dans le grenier d’une très
vielle ferme.
On
accède à l’ancien maître-hôtel par trois marches de bois.
Simple bâti de maçonnerie recouvert d’une épaisse plaque de
marbre gris, il comporte en son milieu la classique pierre d’autel
gravée des cinq croix habituelles. La façade avant de l’autel est
décorée d’une fresque rouge brun récemment restaurée, en partie
cachée à la vue des fidèles par un des ces autels «Vatican II»
qui désorientent —au sens littéral du terme— le célébrant
tout autant que l’assistance.
Au
cours des travaux de restauration qu’il a entrepris en 1974, l’abbé
Erdozaincy-Etchart a fait déplacer la grande toile qui se trouvait
derrière la maître-autel. Il y a découvert une grande fresque en
mauvais état, qu’il a fait restaurer à l’identique par Léon
Curutcharry, peintre à Saint-Etienne-de-Baigorry. Entourée sur
trois côtés par un décor floral stylisé, la partie centrale de
cette fresque reproduit les instruments de la Passion du Christ,
enrichis de quelques motifs symboliques plus particulièrement
basques, tels que le soleil, le lune le coq, la coupe, la main.
L’ensemble est sommé d’une croix de Malte cerclée et placée au
centre de spirales très pures.
Une
grille en fer forgé —l’ancienne sainte table— sépare le chœur
de la nef. Sur la gauche, en haut d’un escalier d’une dizaine de
marches, la vieille chaire de bois peint est toujours présente.
Derrière elle, la seule fenêtre qui éclaire le chœur à hauteur
d’homme. Une corde descend du plafond non loin de l’autel: c’est
celle de la cloche que le desservant actionnait lors de l’arrivée
des pèlerins, mais également pendant les orages (12). Quelques
statues sont disposées sur le mur du chevet entourant l’autel. Le
tableau de l’Ascension qui se trouvait naguère derrière l’autel
a retrouvé une place à droite de celui-ci, non loin de l’étagère
qui supportait l’une des deux lampes à gaz qui éclairaient
l’intérieur de la chapelle pendant la célébration de l’office
les jours de pèlerinage (13). Signalons enfin, accroché au mur qui
fait face à la porte d’entrée, un très beau Christ polychrome
sculpté sur un panneau de bois qui devait appartenir à un ancien
retable du maître-autel, sans doute rescapé d’un des incendies
qui ont dévasté cette chapelle (14). Une très belle statue
polychrome de Saint-Michel terrassant le démon, «chef d’œuvre
naïf et violent» (Bernard Duhourcau), a été malheureusement
volée lors d’un cambriolage de la chapelle.
Le
chandelier
Dans
le chœur, à droite de l’autel, le regard est attiré par un objet
étrange, haut d’environ deux mètres, «un meuble mystérieux
que l’on tient généralement pour un chandelier (Salbatoreko
ganderailua) parce que les pèlerins y accrochaient jadis des
cierges» (Jean Barbier). «Sur un trépied point très élevé
se dresse une tige centrale à pointe. Six anneaux, six cercles sont
horizontalement portés à cette tige centrale, tandis que six barres
parallèles à la tige du milieu raidissent et consolident
extérieurement les six anneaux, dont l’un reste cependant mobile.
De l’un de ces anneaux s’échappe, sur le côté, une tige
recourbée en pointe, comme une crémaillère. Cette pointe aura
peut-être fait penser à un chandelier à jour, tournant autour d’un
pivot mobile». Telle est la description assez incomplète que
nous devons à l’abbé Barbier (15). En effet, ce n’est pas une
mais trois tiges latérales que porte cet engin bizarre: la plus
élevée est plusieurs fois pliée en accordéon et se termine par
deux pointes, l’une horizontale, l’autre verticale. La seconde
tige, plus courte, va en s’effilant depuis une «garde» volutée
jusqu’à la pointe. La dernière, fixée à trois tiges, se termine
par une sorte d’étrier mobile. L’ensemble pivote d’environ 180
degrés autour d’un axe vertical.
Ce
«chandelier» a été restauré lui aussi par M. Erdozaincy-Etchart,
qui l’a découvert dans le même état d’abandon que le reste de
la chapelle, lors de son arrivée à Mendive. La légende le dit en
argent, voire en or, et noirci à la suite de deux incendies qui ont
successivement endommagé la chapelle au XVIIe siècle. En
réalité, il est vraisemblablement constitué d’un alliage de
cuivre, mais cela n’a guère d’importance. Le vrai problème
constitué par ce meuble mystérieux est celui de son origine ou de
sa destination, plus que celui du métal dont il est fait. Bougeoir
géant ou paratonnerre primitif, quel est le secret de ce meuble que,
selon Gil Reicher, l’on plaçait jadis à l’extérieur de la
chapelle pour en écarter les orages menaçants? (16) Objet de culte
ou machine liée à la fonction météorologique du chapelain?
Décidément, ce chandelier pas très catholique sent quelque peu le
soufre… La légende qu’on lira plus bas devrait apporter quelques
éléments de réponse à notre questionnement.
Les
pèlerinages
De
temps immémorial se célébrait à Iraty le jeudi de la Fête-Dieu,
le grand pèlerinage de Saint-Sauveur. De tous les coins du pays, de
Larrau à Baigorri, on accourait au vieux sanctuaire. Mais —par
survivance de quelle antique présence?— quinze jours avant cette
Fête-Dieu, de temps tout aussi immémorial, la paroisse de Mendive
dirigeait vers Saint-Sauveur sa procession particulière. Groupés
derrière leur curé et leur porte-croix, les Mendibars empruntaient
l’itinéraire déjà décrit: vallée du Laurhibar jusqu’au pont
de Larribarea, chemin de Benta et de Partidaenia. Début du chemin de
croix au grand calvaire en pierre proche de cette maison, et montée
à travers bois en s’arrêtant aux quatorze stations signalées par
autant de calvaires en bois. Déboucher sur le plateau à hauteur du
col de Haritzkurutxeta. Poursuite de la marche vers le chemin des
cabanes (17) en direction de la chapelle où l’on était accueilli
par la vieille cloche sonnant à toute volée (18).
Déjà
on se bousculait pour «prendre les Evangiles»
(19) que le curé de Mendive récitait inlassablement depuis son
arrivée sur les lieux. On accrochait tant bien que mal quelques
cierges au chandelier «autour duquel on a fait cercle toute la
journée», précise l’abbé Barbier à qui nous empruntons cette
description détaillée de l’ancien pèlerinage. L’abbé ne nous
donne par contre aucune indication sur l’emplacement du chandelier
pendant le pèlerinage. Ni sur les raisons pour lesquelles «on
faisait cercle toute la journée» autour de lui. Etait-ce par
pure curiosité, par manque de place, ou bien par dévotion pour
accrocher «tant bien que mal» son propre cierge sur un support
manifestement peu fait pour cet usage? Ou bien par survivance de
quelque rite très ancien dont le sens aurait été perdu au cours
des siècles?
Puis
avait lieu la grand-messe, chanté par une foule que la chapelle ne
pouvait tout entière contenir. Après la messe, reprise des
Evangiles pour les retardataires, pendant que les autres prennent
leur repas champêtre, sur l’herbe ou à l’abri d’un hangar
hospitalier, où l’on vend un peu de tout. Le curé-chapelain, lui,
s’en ira déjeuner avec ses hommes dans la petite pièce du premier
étage du logement attenant à la chapelle. A partir de 16 h, la
jeunesse montée des villages d’alentour, à laquelle se joignaient
les bergers des cayolars environnants, se livrait à des jeux
identiques pratiqués de nos jours encore le 15 août à Ahusquy:
lancer de barres par les palankari, concours de chants et de danses
basques, improvisations par des bertsularis. La journée s’achève
bientôt, dans une ambiance de saine et franche gaieté, «sans
presque pas de note discordante», soupire le bon abbé Barbier.
Mais
avant de regagner les cayolars et les fermes d’en bas, on ira
s’agenouiller pour une courte prière devant la statue de Xaindia,
et l’on y déposera quelques pièces de monnaie. Sans doute
s’agit-il là d’un rite de substitution, car les pièces étaient
jadis jetées dans l’eau de la fontaine dont on buvait quelques
gorgées, avant de quitter définitivement les lieux, car elle avait
la réputation de guérir certaines maladies. On faisait également
un tour complet de la chapelle, selon le même rite énergisant de
circumambulation observé de nos jours encore lors du chemin de
croix.
Enfin,
lors de chaque pèlerinage de la Fête-Dieu, Beyrie, dont était
originaire Xaindia, envoyait une délégation porter au
curé-chapelain la produit d’une quête effectuée à Beyrie et
destinée à payer les cierges utilisés ce jour-là. Cette quête
était faite «pour les frais de Saint-Sauveur et de Saindia…
Deux fois ils manquèrent à la tradition et deux fois… la récolte
(moisson) fut hachée par la grêle à Beyrie. C’est dire si la
tradition fut aussitôt reprise, et vivement!» (Jean Barbier).
De
nos jours, l’ancien pèlerinage de la Fête-Dieu, précédé nous
l’avons vu par celui de Mendive, s’est dédoublé en deux
cérémonies qui ont lieu en mai et en juin, à trente jours
d’intervalle, le jour de l’Ascension et le jour de l’Octave de
la Fête-Dieu.
En
1994, date à laquelle nous avons assisté pour la première fois au
pèlerinage d’Iraty, la première cérémonie eut lieu le 12 mai et
la seconde le 12 juin. Mais leur déroulement fut identique: messe le
matin, rosaire et procession l’après-midi. La messe chantée en
euskara commença à 10h 30 dans une chapelle glaciale plongée dans
la pénombre. A cause du froid, les portes avaient été fermées au
début de l’office. La lumière parcimonieuse dispensée par
l’unique ouverture du toit était à peine renforcée par les
quelques cierges disposés sur l’autel, ainsi que par les deux
lampes de camping-gaz accrochées au mur du chœur et qui témoignent
à elles toutes seules de la modernité… Aucun éclairage
électrique bien sûr, dans notre chapelle, ce qui est préférable
pour la préservation géomantique (20) d’un haut-lieu. Une
centaine d’hommes emplissaient la chapelle, certains venus de
l’autre côté de la frontière, mais peu de femmes. Aucun
instrument de musique pour accompagner les chants. Seules les
magnifiques voix basques donnaient leur maximum, mais elles
semblaient un peu écrasées par le plafond bas de la galerie.
A
la sortie de la messe, les pèlerins ne s’attardent plus guère
aujourd’hui; la plupart remontent en voiture et rentrent chez eux.
Seul le curé-chapelain, qui ne donne plus les «Evangiles», prend
toujours son repas au premier étage de la sacristie. A preuve les
délicieux arômes qui se dégageaient des mets en train de mijoter
sur le feu allumé dans la cheminée pendant l’office et qui
venaient chatouiller agréablement les narines des pauvre pèlerins
frigorifiés…
La
seconde partie du pèlerinage actuel se déroule l’après-midi, à
partir de 14 h 30. Récitation du Rosaire, puis chant des Vêpres
devant une assistance plus clairsemée que la matin, mais
semble-t-il, tout aussi fervente. On sort ensuite en procession de la
chapelle pour effectuer le chemin de croix tout autour du sanctuaire,
malgré pluie et vent. On marque un temps d’arrêt et de prière
devant chaque station. On chante en se déplaçant de l’une à
l’autre. Le célébrant effleure au passage la pierre de certaines
colonnes. Geste devenu machinal au cour des siècles ou bien volonté
consciente de recevoir de la pierre l’influx bénéfique qu’elle
peut donner à l’assistance par le canal du célébrant? Encore une
énigme à ajouter à ce haut-lieu! La procession, après avoir
tourné tout autour de la chapelle en marchant de la droite vers la
gauche ou, si l’on préfère dans le sens des aiguilles d’une
montre, s’achève au pied du monticule où est érigé la colonne
de la XIVe station, dont nous avons déjà dit qu’elle
constituait un des points forts du site.
Mais
de nos jours, combien de pèlerins se doutent-ils qu’ils renouent,
par cette circumambulation dextrogyre effectuée autour du
sanctuaire, avec des rites solaires qui sont parmi les plus anciens
de l’humanité?
Histoire
et légendes d’Iraty
Présenté
comme «l’un des plus anciens centres de l’évangélisation du
Pays Basque venu de la vallée de l’Ebre» par Manex
Goyhenetche (21), Saint-Sauveur d’Iraty ne dispose pas d’archives
historiques très riches, tout comme d’ailleurs la plupart des
édifices religieux de l’Euskal Herri. Attesté depis le XIIIe
siècle sous l’appellation d’Hospitau de Laurhibarre ou de
Sanctus Savator juxta Sanctum Justus, puis au milieu du XVe
siècle sous la dénomination de Sent Saubador deus Pors (22),
Saint-Sauveur d’Iraty relève au temporel de l’Ordre des
Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem —les futurs chevaliers de
Malte (23)— et de l’évêque de Bayonne au spirituel. Louis de
Froidour, grand maître des Eaux et forêts sous Colbert, envoyé en
mission par ce dernier pour préparer une «réformation générale
des forêts» de Basse-Navarre, indique en 1672 que cette
chapelle est la «dernière métairie qui est sous la montagne et
qui est dépendante d’une commanderie de Malte». Aussi cette
chapelle a-t-elle longtemps été dénommée Elizagaray, c’est-à-dire
l’église d’en haut. L’abbé Haristoy nous indique enfin qu’il
y eut des chapelains attachés à cette chapelle, mais qu’au XVIIIe
siècle, ils ne recevaient qu’une autorisation de séjour limitée
à deux années.
Tout
cela ne nous renseigne que médiocrement sur les origines et sur
l’histoire de Saint-Sauveur. L’actuel curé de Mendive, à qui
nous devons bon nombre de renseignements sur la chapelle dont il a la
charge, nous a indiqué que des archives auraient été récemment
découvertes à Pampelune, qui permettraient de faire remonter
l’origine de ce sanctuaire au Xe siècle. Si cette
découverte se confirmait, nous ferions un grand bond en direction de
la tradition selon laquelle la fondation de Saint-Sauveur remonterait
à Charlemagne…
Bien
entendu, aucun document n’a permis jusqu’ici de «prouver»
une aussi haute antiquité. Mais comment ne pas faire un
rapprochement avec ce que nous savons d’une autre chapelle
Saint-Sauveur, celle qui se trouve sur le col d’Ibañeta, au dessus
de Roncevaux. Et qui est également située dans un site de
montagnes, sur une autre grande route antique, et seulement éloignée
de quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau d’Iraty? Les
historiens pensent que c’est à Ibañeta qu’était situé le
premier prieuré-ermitage antérieur à Charlemagne, puisque attesté
dès le début du VIIe siècle, et dont les prieurs
portèrent un moment le titre d’évêques des Pyrénées (24).
Les
chartes royales, les bulles papales les plus anciennes confirment ici
la tradition orale et nous apprennent que «Charlemagne fonda à
Summiport ou Ibañeta, le monastère-hôpital d’Ibañeta, et qu’il
y établit un ordre de moines-soldats» ((25). Cet
établissement fut à l’origine de la création de la célèbre
collégiale de Roncevaux quelques siècles plus tard. Ses religieux,
appelés commandeurs, étaient de noble naissance et portaient un
habit marqué d’une croix verte. Le but de la fondation était «de
défendre la foi contre les ennemis de l’Église, d‘héberger
dans leur hôpital les pèlerins et autres voyageurs, et de les
accompagner dans les sombres défilés de ces montagnes avec
l’obligation de réciter certaines prières» (26). Saccagé et
détruit par les troupes d’Abderrahman III An Nasser —le Louis
XIV andalou— au début du Xe siècle, le
monastère-hôpital carolingien fut rebâti un peu plus bas, sur le
versant sud, à un endroit désigné par le découverte miraculeuse
d’une statue de la Vierge (27).
Que
le lecteur nous pardonne cette brève incidente sur
Roncevaux-Ibañeta : elle nous permet de restituer, par
analogie, les grands traits de ce qu’a pu être l‘histoire de
Saint-Sauveur d’Iraty. Au début, c’est-à-dire dans les premiers
siècles de la chrétienté, une grotte, un simple trou dans le
rocher —Sainduko xilo— sert d’abri à quelque missionnaire venu
d’Ochagavia ou de Leire par la grande route de transhumance. Puis
un ou deux anachorètes fondent un premier ermitage de montagne, dont
les occupants prêchent et prient, notamment pour détourner les
grêles et les orages qui détruisent les récoltes. Nous dirons plus
loin quelques mots sur cette fonction «météorologique» des
ermites ou chapelains de montagne.
L’étape
suivante sera franchie, sans doute vers le IXe ou le Xe
siècle, lorsque de simple ermitage, Saint-Sauveur se transformera en
«hospitau». Les moines se consacreront alors à l’hébergement
des pèlerins de Compostelle ou des simples voyageurs et leur
fourniront des escortes (sans doute armées) pour la traversée des
montagnes. Il est vraisemblable que l’établissement de l’époque
devrait comporter plusieurs bâtiments ou «granges» pour héberger
voyageurs et montures. Le tout devait constituer un petit hameau de
montagne, dont les deux cayolars qui entourent aujourd’hui la
chapelle peuvent nous donner quelque idée.
L’ensemble
devait cependant constituer un domaine suffisamment important et
rentable pour être convoité par les hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, qui avaient pris la relève des Templiers au XIVe
siècle et qui établirent une commanderie, c’est-à-dire un
sergent et une dizaine d’hommes ayant pour mission de protéger les
pèlerins. Iraty suivra l’évolution du pèlerinage de
Saint-Jacques, dont la fréquentation diminuera considérablement aux
XVIe et XVIIe siècles. De moins en moins de
passages et la mission d’hébergement et de protection perdra
progressivement toute raison d’être. Quoique toujours
officiellement dépendant de l’ordre de Malte, Saint-Sauveur n’est
effectivement plus que la «dernière métairie» sous la
montagne à la fin du XVIIIe siècle.
Des
légendes codées?
Les
données historique concernant Saint-Sauveur nous laissent rapidement
sur notre faim puisqu’elles ne nous permettent pas de remonter
au-delà du XIIIe siècle. Mais pourquoi serions-nous
tenus de nous limiter à l’utilisation de documents attestés, de
témoignages écrits ou gravés dans la pierre? Sommes-nous
condamnés, faute de disposer de documents avalisés par la science
historique officielle, à laisser dans l’ombre toute la partie de
notre histoire antérieure à l’apparition de l’écriture? (28)
Pourquoi ne pas admettre, nous aussi, que lorsque l’Histoire se
tait, c’est à l’ethnographie comparée de prendre le relais et
de guider nos recherches? Pourquoi ne pas utiliser des méthodes qui
ont fait la preuve de leur efficacité lorsqu’il s’agissait
d’étudier les mœurs, les croyances et les comportements des
civilisations traditionnelles d’Afrique, d’Amérique ou
d’Océanie: approche comparatiste, théorie des symboles, etc.
Pourquoi ne pas tenter de remonter plus haut dans le passé d’Iraty
en nous attachant à décrypter le contenu de chacune des trois
légendes codées d’Iraty, qui pourraient bien n’être, en
dernier ressort, que les présentations symboliques de faits
historiques réels, des contes initiatiques ou encore des récits
légendaires associés à des mythes fondateurs…
Le
chandelier de Saint-Sauveur
Le
chandelier de Saint-Sauveur, Salbatoreko ganderailua, est de loin,
la plus riche de nos trois légendes en éléments significatifs, la
plus porteuse de sens, peut-être. La voici très brièvement
résumée.
Un
valet de ferme de Mendive aperçut un jour la Dame sauvage en train
de se peigner avec un peigne en or, du côté de Galharteko Potxa. Il
réussit à convaincre la Dame de lui céder le chandelier qu’elle
venait de nettoyer et s’enfuit en l’emportant. Poursuivi par le
Seigneur sauvage descendu en deux bonds de la montagne de Béhorléguy,
le berger ne dut son salut qu’à la cloche de Saint-Sauveur qui se
mit à sonner à toute volée, dès qu’il se fut
écrié: «Saint-Sauveur, je vous apporte un beau cadeau!»
Nous
invitons nos lecteurs à nous suivre maintenant dans notre essai de
décodage de cette légende.
Le
rapt du chandelier, transporté de la grotte de Gahalarbe dans la
chapelle de Saint-Sauveur, semble être le récit mythique d’un
événement historique de première grandeur: le passage d’un culte
ancien lié au cromlech de Gahalarbe à un culte nouveau célébré
sur l’emplacement de Saint-Sauveur, les deux hauts-lieux étant
situés à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau l’un de
l’autre. Mais cette transmission s’est effectuée sans rupture de
continuité de la tradition: c’est la même lumière qui s’éteint
sur le lieu de culte mégalithique et se rallume dans la chapelle
chrétienne, puisque c’est le même chandelier que l’on retrouve
dans les deux lieux sacrés… Le passage du témoin dut cependant
présenter quelques difficultés, puisque le berger dut s’y
reprendre à trois fois pour réaliser son vœu (29). A moins qu’il
ne s’agisse de la réminiscence d’un rituel immémorial ?
L’impossibilité
de descendre le chandelier à Mendive, c’est-à-dire dans la
vallée, s’explique aisément si l’on veut bien se souvenir
qu’une des raisons principales de l’érection de chapelles sur
les hauteurs était de permettre la résidence en ces lieux
inhospitaliers de chapelains dont la fonction essentielle (30) était
de conjurer les orages et de chasser la grêle, longtemps considérée
comme un châtiment divin, quand ce n’était pas comme une calamité
provoquée par le diable. Selon Pierre Bernard Palassou, «rien ne
prouve davantage les terribles effets produits par les orages dans
les montagnes que le grand nombre de chapelles établies autrefois
dans les montagnes d’où ces orages viennent ordinairement».
Et parmi les chapelles élevées sur les montagnes qu’on regarde
comme très orageuses, François Flamichon mentionne celles de la
Rhune, d’Oilarandoi, de Saint-Antoine, et de Saint-Sauveur
(Haristoy). Que le chandelier ne puisse descendre plus bas que la
croix de Haritzkurutxeta signifie tout simplement que, pour remplir
correctement sa fonction météorologique, c’est bien sur la
hauteur et non dans la vallée, que devait être édifié le nouveau
sanctuaire.
La
façon de se déplacer du Seigneur sauvage nous renseigne sur la
nature du personnage: dans tous les récits fondateurs, les sauts
prodigieux sont le propre des êtres mythologiques, mi-hommes,
mi-dieux. C’est ainsi que Vichnou s’empare des trois mondes en
trois pas. Qu’à peine né, Gautama Bouddha fait sept pas en
direction du nord, confirmant ainsi sa maîtrise du temps et de
l’espace (31). Il n’est pas jusqu’à l’Ogre et ses bottes de
sept lieues des contes de Perrault, qui ne soit un symbole dégénéré
de la force aveugle et dévoratrice des Titans et des Géants,
derrière lesquels on retrouve la souvenance perdue des initiateurs
antiques si bien restituée par Pierre Gordon (35).
Notre
Dame sauvage occupée à se coiffer avec un peigne d’or,
est-elle tellement différente des demoiselles blanches assises sur
la margelle de certaines fontaines ou à l’entrée de certaines
grottes bretonnes, où elles peignaient leurs longs cheveux blonds
avec des peignes d’ivoire, tout en veillant sur des trésors de
pierres précieuses, de perles et de diamants, qu’elles étalaient
au soleil ou au clair de lune? Une autre version de cette même
légende du chandelier ne précise-t-elle pas qu’un «pasteur
passant dans la forêt, s’approcha d’une grotte habitée
par les laminak. Au fond de cette grotte, il vit des choses (trésors)
merveilleuses» ? Ici comme là-bas, ces fées des eaux, ces
ondines «étaient les gardiennes des grands trésors fondus et
forgés par les peuples du feu» (Paracelse). Aussi cette grotte
—habitée par Basajaun et par sa parèdre Basandere— toute
remplie de trésors merveilleux, appartient-elle au fonds essentiel
de la légende et nous renvoie-t-elle à l’antique culte des eaux
et des sources que les missionnaires chrétiens mettront des siècles
à supprimer.
Dernière
énigme: la présence récente, depuis la veille, de ces quatre
grains de blé dans la chevelure du berger, lequel les porte à sa
bouche et les mange, lorsqu’il rencontre à nouveau le Seigneur
sauvage. Ce qui a pour effet de faire disparaître celui-ci à tout
jamais. Nous pensons qu’il s’agit de la description symbolique
d’un rite de manducation. L’origine supra-humaine de la
nourriture absorbée est indiquée par l’endroit où le berger la
découvre: sa chevelure. En effet, «les cheveux sont les rayons
célestes, les racines par lesquelles descendent en
l’homme les énergies divines et la puissance qui lui donne vie».
(32)
En
absorbant cette nourriture, le berger rompt le jeûne qu’il
observait jusque là. Comment mieux indiquer qu’il s’agit ici
d’un repas eucharistique, sublimation chrétienne du rite
immémorial de manducation. En manifestant de la sorte son engagement
personnel dans la (nouvelle) religion chrétienne, notre berger
échappe définitivement au danger d’être lui-même dévoré
(c’est-à-dire initié) par le Seigneur sauvage, avatar de l’Ogre
«digesteur» des antiques initiations. N’ayant plus aucune
fonction exercer dans la contrée, celui-ci ne reparaîtra plus
jamais.
Ici
encore, il y a substitution, passage d’un ancien rite de
manducation —initiation par le Seigneur sauvage dévoreur— à un
nouveau rite de manducation: le repas eucharistique. La légende du
chandelier est donc cohérente dans tous ses éléments.
La
messe fantastique
La
messe fantastique (meza misteriozkoa) est la seconde des trois
légendes codées dont nous allons proposer une interprétation au
lecteur. Résumons les faits: intrigués par une étrange lumière
émanant de la chapelle Saint-Sauveur, des bergers s’en approchent
au petit matin. Elle est fermée, comme toujours, mais à
l’intérieur, un prêtre attend qu’on serve sa messe. Malgré
leur frayeur (et celle de leurs chiens), les bergers remplissent cet
office, en demeurant à l’extérieur du sanctuaire et en imposant
leur propre rythme! Une fois la messe dite, le prêtre disparaît et
les bergers quittent les lieux dès le lendemain.
Sous
ce récit parfaitement intelligible pour des chrétiens de n’importe
quelle époque, se cache en fait, croyons-nous, le scénario crypté
d’une initiation-type, telle qu’on la pratiquait chez nous aux
temps immémoriaux et telle qu’on la pratique encore dans les
civilisations traditionnelles d’Afrique ou d’Amérique latine. La
chapelle toujours fermée représente la cabane, ou l’enceinte
initiatique, dans laquelle personne n’avait le droit de pénétrer,
sauf le chaman ou l’initiateur. Lequel ne peut emplir son office
qu’en présence de néophytes, puisque l’initiation consiste à
transmettre à un tiers une influence spirituelle et que cette
cérémonie se déroulait toujours à l’extérieur de la cabane
sacrée. Que les bergers et leurs chiens soient effrayés en
approchant de la chapelle-cabanne n’a rien qui doive nous étonner:
ce genre de frayeur saisit les humains et les animaux mis en présence
de la force mystérieuse, appelée mana, et qu’un lieu, un objet ou
un homme possèdent parce qu’ils participent mystiquement du sacré
et dans la mesure même où ils y participent. Nous remarquons que
les bergers s’approchent en se tenant par la main «pour ne
faire tous qu’un» et munis chacun d’un bâton et d’un
chapelet, c’est-à-dire équipés sur les plans matériels aussi
bien que spirituel! S’agit-il là de quelque rituel de
circumambulation, d’une sorte de danse sacrée, comme devaient
l’être à l’origine l’ingurutxo de Leiza ou la brotal dantza
guipuzkoane? Si la messe ne se déroule «pas plus rapidement que
ne le désiraient les bergers», c’est bien parce qu’il
s’agissait d’une cérémonie d’initiation au cours de laquelle
il faut tenir compte de l’état de fatigue,
voire
d’épuisement des néophytes. Enfin une fois l’initiation
terminée (la messe dite), l’initiateur regagne «le ciel»,
c’est-à-dire la somment de la montagne où il séjourne
habituellement et dont il ne redescendra que pour les prochaines
initiations, tandis que les nouveaux initiés voient s’ouvrir
devant eux une nouvelle vie remplie de bonheurs terrestres…
Xaindia
La
dernière de ces légendes concerne Xaindia, cette malheureuse fille
de Beyrie (33) qui a été ravie dans les airs pour avoir transgressé
la coutume qui défendait de sortir après la tombée du jour, même
pour rechercher un outil de travail oublié dans les champs. La nuit
est en effet le domaine réservé aux démons, aux mauvais esprits,
qui vous emportent dans les airs, pour peu que vous vous trouviez sur
leur chemin. Comment ici ne pas songer à la légende du Grand
Veneur, ce chasseur condamné à l’errance perpétuelle dans les
airs, en compagnie de ses chiens, «pour avoir poursuivi le gibier
aux jours les plus sacrés, à Noël et à Pâques; ou bien pour
avoir quitté la messe avant l’élévation… La cohorte maudite
(dans laquelle Pierre Gordon (35) voit une survivance initiatique
dolménique) est constituée d’un ramassis hétéroclite de gens
hideux et grimaçants. Ils happent au passage les
vivants en état de péché mortel. Le lendemain, on trouve à
quelque carrefour des cadavres défigurés» (34).
Appelée
Mesnie Hellequin dans la plupart des régions, chasse du rey Artus en
Béarn ou d’Errege Xalomon chez nous, la troupe infernale,
croyait-on jadis, parcourt les bois et les montagnes basques lors de
certaines nuits de grand vent. «Personne ne l’a encore vue;
mais nombreux sont ceux qui assurent avoir entendu son sifflement
accompagné du hurlement triste et monotone de ses chiens… Ce
récit, assure Barandiaran, fait partie d’un vaste cycle de
chasses aériennes et nocturnes des récits mythologiques».
Un
certain nombre d’éléments nous laissent à penser que l’on peut
rattacher la légende de Xaindia au cycle universel du Grand Veneur.
Même transgression initiale, même emport nocturne dans les airs,
même présence d’une troupe d’esprits malfaisants ou carrément
diaboliques (debruek), mêmes cris effrayants ou déchirants et,
selon certaines versions, même issue fatale: arrivée au-dessus de
Saint-Sauveur, la jeune fille fut déposée morte à la porte de
l’église.
Mais
en quoi le fait de sortir la nuit constituait-il une transgression?
Pourquoi était-il interdit à Xaindia de sortir la nuit? Parce que
c’était pendant la nuit que, selon Pierre Gordon, le Grand Veneur
et ses bruyants acolytes rabattaient à grands renforts de hurlements
et de coups, les néophytes vers le lieu de la réclusion, vers la
cabane initiatique où leur étaient enseignées les pratiques
rituelles de la chasse (35). Bien évidemment, cette initiation était
réservée aux jeunes hommes et devait se dérouler en dehors de la
présence des femmes. D’où l’interdiction faite à celles-ci de
sortir de leur demeure pendant certaines nuits, de crainte qu’elles
ne rencontrent la Chasse Sauvage. Le sens véritable de cette
interdiction ayant été peu à peu oublié, l’interdiction
s’étendra à la nuit en général, qui devient un domaine réservé
aux démons, etc. (cf supra).
Les
récits légendaires doivent toujours être lus avec la plus grande
attention, car aucun détail n’y est superflu; même les plus
anodins ont un sens. Ainsi dans la légende de Xaindia, nous
remarquons que c’est le valet qui a oublié la pioche à
deux dents, la houe, haitzurhotxa en euskara), mais que c’est la
jeune domestique qui s’en va la rechercher, en prenant les risques
que l’on sait. Comment ne pas être tenté d’interpréter cette
«anecdote» comme la survivance dans la mémoire collective
de la relève de l’homme par la femme dans le domaine de
l’alimentation: les techniques «oubliées» par l’homme
par l’homme ont été «retrouvées» par sa compagne,
laquelle utilisera un outil adapté à sa force de travail: la houe
ou bâton à fouir. Cette agriculture naissante, dite «au
plantoir», était en effet réservée aux femmes. En clair, il
s’agirait ici d’un grand moment dans l’histoire de l’humanité:
celle du passage du stade de chasseur-cueilleur plus ou moins nomade
à celui d’agriculteur-pasteur sédentaire.
Reste
un dernier élément à décrypter: l’intervention des gens de
Beyrie dans le récit et l’itinéraire suivi par eux pour
accompagner Xaindia dans son périple aérien. Si comme c’est
probable, la révolution néolithique s’est d’abord effectuée
sur les hauteurs, au contact de Basajaun civilisateur (n’oublions
pas que c’est lui qui a introduit le blé), il est logique de
penser que sa propagation s’est effectuée de la montagne vers la
plaine, c’est-à-dire d’Iraty vers Beyrie, en passant par Mendive
et Larceveau, et non dans le sens contraire. Mais le fait historique
qui était à l’origine de la légende étant tombé dans l’oubli,
l’ordre initial de passage dans ces localités a pu être inversé
sans que personne ne s’y oppose. Par contre, les changements
attribués à Xaindia sont restés si profondément gravés dans la
conscience collective des Navarrais, qu’une tradition signifiante a
perduré jusqu’à nos jours: une délégation de femmes de Beyrie
monte chaque année à Saint-Sauveur pour y porter le fruit de la
collecte effectuée dans leur paroisse, en vue de payer les sièges
utilisés le jour du pèlerinage.
*
Haut-lieu
vénéré dès la protohistoire, puis refuge d’anachorètes en
quête d’absolu, Saint-Sauveur d’Iraty fait partie de ces
endroits privilégiés (rochers, sources, grottes et bois) qui ont
continué, sous des formes variables, d’être tenus pour sacrés
par les populations chrétiennes pendant des siècles. L’état
actuel d’abandon apparent —la chapelle n’est-elle pas fermée
toute l’année, à l’exception des jours de pèlerinages?—
n’est que provisoire. En effet, selon Mircea Eliade, les espaces
sacrés, les centres religieux, les hauts-lieu de l’histoire de
l’âme «se laissent fort difficilement dépouiller de leur
prestige et passent, à la manière d’un héritage, d’une
peuplade à l’autre, d’une religion à une autre».
Rien
ne disparaît, tout se transforme.
(1)
La forêt d’Iraty par André Pées, in La forêt des
Pyrénées-Atlantiques, textes réunis par J. Staes.
(2)
Que Louis Colas appelait le «signe oviphile».
(3)
Dans les civilisations traditionnelles, les lieux où se sont
produites des morts brutales (accidents ou assassinats) sont toujours
des lieux sacrés, parce qu’ils ont été, à un moment précis,
des lieux de passage entre terre et ciel, entre mondes des apparences
et monde du réel. D’où la coutume de matérialiser cette
qualification du lieu par un signe visible de tous: tas de pierre,
cairn, calvaire...
(4)
Ce qui signifie: ravin de la caverne du saint (ou de la sainte),
c’est-à-dire un ravin menant à la caverne du ou de la saint(e).
(5)
D’où les noms de nos plus anciennes paroisses: Vincent, Engrâce,
Eulalie, Fructueux, Saturnin, Sébastien, tous originaires
d’outre-monts.
(6)
Une source est une sortie d’eau naturelle, non aménagée. Dès que
l’homme intervient pour caler quelques pierres, afin que la petite
pièce d’eau ne soit pas étouffée par des effondrements terreux,
alors on parle de fontaine.
(7)
En 1765, le curé de Mendive constate que ses prédécesseurs
prélevaient de grandes offrandes «dans la chapelle de
Saint-Sauveur» et que lui-même, quand il fut nommé à Mendive,
en prélevait encore d’importantes, mais les «offrants» se
sont bien relâchés, se plaint-il.
(8)
Forme souvent adoptée en Basse-Navarre pour les colonnes soutenant
les toits des hangars et des granges ouvertes.
(9)
E. Testard signale l’existence au hameau de Sainte-Colange dans le
Cher, d’une chapelle dédiée à la patronne du Berry, dont 7 des
14 colonnes du chemin de croix ont leur socle exactement placé sur 7
d’un groupe de 14 courants telluriques orientés nord-sud (deux
colonnes se faisant face sur la même ligne de force). Le hasard
est-il seul en cause ? (Atlantis n°175, 1973).
(10)
Un vieux berger signala à Louis Colas en 1920 l’existence de
plusieurs tombes à cet endroit. Philippe Veyrin indique également
qu’à Saint-Sauveur «un tumulus rempli de grands ossements fut
malencontreusement détruit naguère».
(11)
Vers le milieu du XIXe siècle, la hiérarchie catholique
entreprit de «moderniser» la religion en extirpant le culte
des reliques, les pierres, les grottes ou les sources miraculeuses
(Pascal Dibie: La Tribu sacrée, Métailié, 2004).
(12)
La sonnerie des cloches a longtemps été considérée comme le seul
remède efficace contre les orages. Mais en 1734, l’évêque
d’Oloron interdit les sonneries de cloche pendant les orages.
(13)
Aujourd’hui, un groupe électrogène fournit l’électricité
nécessaire à l’éclairage de la chapelle les jours de pèlerinage.
(14)
Tout comme le portique à deux colonnes de bois surmontées d’un
large bandeau, qui encadre actuellement la porte des hommes, à
l’intérieur de l’édifice. D’après une tradition orale
recueillie sur place par Louis Colas, le sanctuaire aurait été
incendié à deux reprises par les Espagnols.
(15)
Jean Barbier: Saint-Sauveur d’Iraty, Processions et pèlerinages,
Gure Herria, 1921-6.
(16)
«En certaines églises, lors des tempêtes, on sort la croix de
l’église et on l’expose contre la tempête, afin que les démons
soient effrayés et prennent la fuite», Légende dorée, Les
rogations).
(17)
Ou par le chemin surplombant l’actuelle départementale 18.
(18)
Cette cloche aurait été offerte en 1620 par un certain Barbero, de
la maison Oxabia (registre de Mendive).
(19)
Cette coutume, qui tend aujourd’hui à disparaître, consistait à
entendre l’Evangile récité par le prêtre qui pose un pan de son
étole sur la tête du requérant, du malade ou de son représentant,
de l’enfant, etc.
(20)
La géomancie
est une technique de divination
fondée sur l'analyse de
figures composées par la combinaison de quatre points simples ou
doubles (ou points et traits). Ces points sont obtenus par
l'observation de cailloux ou d'objets jetés sur une surface plane ou
posés dans un espace donné, par des lancers de dés,
par le comptage de traits dessinés dans le sable avec un bâton ou
sur du papier à l'aide d'un stylo,
ou encore par l'observation d'éléments disposés dans la nature
sans intervention humaine.
(21)
Manex Goyhenetche: Le guide du Pays Basque, La Manufacture, Lyon,
1989.
(22)
Les «deux ports» ne seraient-ils pas les lieux-dits appelés
aujourd’hui Haritzkurutxeta et Burdinkurutxeta ?
(23)
Par la filière hiérarchique du commandeur d’Aphat-Ospital à qui
appartenait la présentation à la chapelle de Saint-Sauveur.
(24)
Tout comme les abbés de Leire portèrent celui d’évêque de
Pampelune. Et pour la même raison: chassés de leur siège par
l’arrivée des Barbares, les deux évêques se réfugièrent dans
l’établissement religieux montagnard le plus proche, où le titre
sinon la charge d’abbé leur fut tout naturellement attribué. Puis
ce fut l’inverse: les abbés qui leur succédèrent portèrent
également le titre (et la charge?) d’évêque.
(25)
Abbé
Haristoy: Les paroisses du Pays Basque pendant la Révolution, tome
II, Harriet, 1982.
(26)
Abbé Haristoy : op. cité.
(27)
Oriako Birjina, dont le pèlerinage annuel a lieu le 8 septembre,
jour de la nativité de la Vierge.
(28)
Et que, pour des raisons de confort intellectuel, nous baptisons
préhistoire
ou protohistoire?
(29)
C’est également à la troisième tentative qu’Alexandre remporta
la victoire sur le soleil, selon une ancienne légende très
curieuse.
(30)
La fonction secondaire étant l’enseignement du rudiment aux
enfants des villages d’en bas, qui pourrait bien n’être que le
dégénérescence d’une fonction initiatique pratiquée jadis en
ces mêmes hauts-lieux.
(31)
Micea Eliade: Histoire des religions, tome II.
(32)
Annick de Souzenelle, Le symbolisme du corps humain, Ed. Dangles.
(33)
Beyrie-sur-Joyeuse, dans le pays de Mixe, était situé sur le chemin
de Compostelle et disposait d’un hôpital pour les pèlerins.
(34)
H. Donteville: Histoire et géographie mythique de la France,
Maisonneuve et Larose, 1973. L’état de péché mortel
correspondait jadis au fait d’avoir commis une transgression
majeure.
(35)
Pierre Gordon: Les racines sacrées de Paris et les traditions de
l’Ile-de-France, Arma Artis, 1981.
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